GR20 – J8
Du Refuge de Manganu au Refuge de L’Onda [12.1km – D+ 455m – 5h14 en mouvement]
Aujourd’hui, on hésite entre deux options: soit on prend la variante alpine du GR20 pour profiter de beaux panoramas, soit on suit le GR20 officiel pour s’offrir des occasions de baignade. On choisit la second option, dont la majorité du trajet se déroule en forêt, et qui suit un profil inverse aux journées habituelles: on commence la journée en descente, et on la finit par une montée.
Finalement, le sentier en forêt n’était pas très exaltant, et à part un point d’eau près de la passerelle de Tolla, les occasions de baignade n’étaient pas nombreuses. Ce fut tout de même une belle journée. Juste avant la passerelle, nous sommes arrêtés à la Bergerie de Tolla où soudainement est apparu une foule de ‘touristes’ comme si un bus était de passage dans les environs.
Après le lunch nous remontons en forêt pour rejoindre le refuge de l’Onda, juste avant la pluie. Au menu du soir, les célèbres lasagnes du refuge (ici on en parle au pluriel).
GR20 – J7
Du Refuge de Manganu au Refuge de Petra Piana [10.3km – D+ 839m – 5h15 en mouvement]
Retour à une étape montagnarde aujourd’hui. Tout de suite on s’attèle à une bonne montée bien pentue, mais pas trop longue (3h). On débouche sur une étroite ouverture (Bocca alle Porte) de l’autre côté de laquelle c’est vraiment la montagne abrupte, avec vue sur deux beaux lacs. Pour la suite le sntier est à flanc de rocher, et on doit descendre par un passage délicat plutôt technique à l’aide d’une chaine, où on oublie toute notion d’élégance. Par la suite, on monte et on descend tout en restant dans le même ‘cirque’, on voit longtemps la brèche par laquelle ont est passés ce matin. On passe notamment par un ébouli d’immenses rochers qui pas facile à traverser (surtout que les symboles blanc et rouge se font rares).
On bifurque ensuite pour grimper encore, éventuellement on entame la descente vers le refuge de Petra Piana, qui profite d’un beau plateau, et offre même de la crème glacée aux randonneurs. Mais surtout, après l’excellent souper, les gens du refuge se mettent à la musique, on vous sert de la liqueur de Myrte (dans un verre ou directement dans la bouche!), la fête continue tard après le coucher du soleil (relativement parlant, vu qu’on s’est habitués à aller dormir à 20h45).
GR20 – J6
Du Castel de Vergio au Refuge de Manganu en passant par le Lac de Nino [17.8km – D+ 627m – 5h19 en mouvement]
Pas beaucoup de montagne aujourd’hui. On commence gentiment à travers la forêt, pour suivre avec une montée vers un col dégagé (Bocca San Pedru). On est presque surpris d’atteindre un col si rapidement, comparé aux quatre premiers jours. Par la suite on grimpe encore, mais au travers d’arbres baignés de lumière, c’est magique. Certains arbres sont fortement déformés par les vents de montagne. Pas de vent aujourd’hui pour nous, c’est d’un grand calme, on entend les clochettes d’un troupeau de brebis pas loin.
On poursuit sur une arête plus élevée où les arbres disparaissent, et puis un grand col (Bocca a Reta). Pour la suite on se retrouve plus à la campagne et aux pâturages plutôt qu’à la montagne. on en profite. On arrive au lac de Nino, un des plus grands lacs de montagne de Corse. Les berges sont verdoyantes et plutôt marécageuses. Il y a des chevaux et plus loin de vaches. Mais surtout, soudainement il y a des groupes de touristes, qui ne ressemblent en rien aux randonneurs du GR20. On se demande encore comment ils arrivent là, mais toujours est-il que ça trouble un peu notre zénitude photographique.
Une fois le lac passé, on descend graduellement en passant à côté de deux bergeries. A la 2eme bergerie (Vaccaghia) on s’arrête pour acheter un rafraichissement, mais le ‘sympathique’ proprio de la bergerie nous incite à ne pas nous attarder. Encore une prairie puis c’est une courte montée vers le refuge du jour (Manganu), plutôt bien organisé.
On se rend compte que le rythme du GR20 est maintenant bien établi pour nous, faut dire que c’est moins éreintant et on peu bien profiter de la petite Pietra Ambrée pour terminer l’après-midi!
GR20 – J5
Du Refuge de Tighiettu au Castel de Vergio [15.9km – D+ 697m – 6h51 en mouvement]
Journée fort différente et beaucoup plus facile aujourd’hui.
On rejoint d’abord en 30 minutes la Bergerie de Ballone, puis c’est un sentier presque ‘normal’ dans la forêt. S’ensuit une montée qui parait presque courte vers un col, la Bocca di Foggiale, qui nous ouvre la voit vers une ‘vallée’ plutôt verdoyante, la vallée du Golo. Ici, certains font une courte journée et bifurquent pour grimper au refuge Ciuttulu di i Mori, 30 minutes plus loin. Vraiment trop cout, en fait, ici on peut dire que nous avons doublé par rapport aux étapes de notre guide. Nous descendons directement dans la vallée pour ensuite suivre la rive du Golo.
On se permet une petite pause pour se tremper les pieds dans les bassins d’eau froide. Mais derrière nous les nuages nous inquiètent et nous repartons à bonne vitesse pour joindre la Bergerie de Radule, où on se serait bien arrêtés pour prendre un rafraichissement. Mais les nuages se font plus menaçants, et l’on entend du tonerre plus bas vers notre destination pour aujourd’hui. Notre guide nous indique qu’il ne nous reste que 30 minutes pour atteindre le castel de Vergio et que ce sera plat. Un bel exemple où un guide te met des attentes incorrectes en tête parce qu’en bout du compte ça montait quasiment tout le temps et le 30 minutes s’est avéré prendre plus d’une heure. Mais bon, on a fini par atteindre le castel avant la pluie.
Notre réservation ici pour une ‘tente confort’ s’est transformée en nuitée à l’hôtel, puisque les ‘tentes conforts’ se sont envolées durant la tempête du 18 août! Excellent repas en compagnie de randonneurs qui devaient déjà quitter les sentiers, en raison de vacances trop courtes.
GR20 – J4
Du Haut-Asco au Refuge de Tighiettu [11.9km – D+ 1186m – 7h24 en mouvement]
La longue journée que plusieurs redoutent. On atteint le point le plus élevé du GR20, la Pointe des Éboulis à 2607m. Mais surtout, on démarre par une ascension sans interruption qui demande un bon 5h30, et qui comporte sont lot de sections plus techniques.
La plupart des randonneurs partent donc très tôt, surtout ceux qui veulent en plus faire le sommet du Monte Cinto (point culminant de l’ile avec 2706m). Au départ je désirais ajouter le Monte Cinto à notre itinéraire, mais la crainte des orages de début d’après-midi nous a fait décider de laisser tomber cet ajout de 2 heures. Nous sommes donc partis tout juste avant le lever du soleil. La montée c’est en général mon point fort, alors j’ai pas trouvé ça si terrible (ou alors c’est déjà mon esprit qui oublie les moments $!@*?%$ et transforme en retrospect tous mes voyages en balades agréables). Puis, contrairement au jour 2, la distance à faire pour joindre le sommet suivant était courte. La carte IGN indiquait une ‘zone délicate’ qui s’est avérée pas si mal, surtout comparée aux douzaines d’autres sur le GR20.
Et comme pour les autres jours, on voit rapidement le refuge suivant (Tighiettu) tout bas, mais la descente est interminable, et parsemée de rochers à ‘dé-escalader’ et surtout plains d’endroits où l’on plus aucune idée où passer, faut de suffisamment d’indications.
Le refuge Tighiettu s’avère le plus décevant de tous ceux que l’on a utilisé, les tentes reposaient à moitié sur des palettes de transport, et à moité dans le vide, les toilettes étaient des plus sommaires et les gardiens du refuge n’étaient pas super accueillants. La soirée a toutefois fini dans la bonne humeur vu qu’un campeur a décidé de demander sa blonde en mariage et l’atmosphère a un peu passé à la fête!
GR20 – J3
Du Refuge de Carrozzu jusqu’au Haut-Acso [8.1km – D+ 804m – 5h45 en mouvement]
Plusieurs estiment que le jour 3 ou 4 sont les plus difficiles sur GR20.
J’ai au contraire bien apprécié cette journée simple: on passe d’abord par le fameux petit pont suspendu rendu célèbre dans le film français ‘Les Randonneurs’ (résumé: ça s’engueule et ça dure tout le reste du film). On a même pris le temps de se filmer en traversant le pont. Et pour qui a fait les passerelles du Népal, ici y’a pas grand’chose à craindre.
Puis démarre la montée pour un bon 3h30, mais rien de trop compliqué. Rendus au col, on voit déjà la station de ski du Haut-Asco tout en bas. La descente est abrubpte, on s’use le fond de pantalon quelques fois, mais maintenant que le GR20 est fini, ont peut dire que c’est juste la norme.
On arrive à la station (juste à côté du refuge) 15 minutes avant l’orage. Douche chaude!
GR20 – J2
Du Refuge Ortu du Piobbu jusqu’au Refuge de Carrozzu [10.5km – D+ 727m – 6h40 en mouvement]
Probablement la journée que j’ai trouvé la plus difficile. Une bonne montée pour démarrer la journée, mais comme on est dans l’ombre on évite la chaleur et c’est pas si mal. C’est surtout la section ‘presque plat’ qui suit qui fournit sont lot d’émotions. Ça mont et ça descend sans arrêt, mais surtout, on a droit à plusieurs sections techniques où il faut bien chercher ses points d’appui, et on a une pensée pour celui ou celle qui mesure 5 pieds 1 et qui aura à faire autant de grands écarts.
Enfin, après une couple d’heures de montagnes russes, on entame la enfin la descente vers le refuge qu’on peut voir de loin, mais qui est pas mal plus loin qu’on pense. Et qui parle descente sur le GR20 doit comprendre sections abruptes mais surtout cailloux instables qui se défilent sous les pieds. Bref, c’est la sieste qui s’imposaient une fois rendu au refuge!
GR20 – J1
De Calenzana au Refuge Ortu du Piobbu [13.4km – D+ 1454m – 5h50 en mouvement]
Nous entamons le GR20 à Calenzana un peu tard (10h). Il nous a fallu d’abord aller à la Poste pour s’envoyer du bagage en extra vers Port-Vecchio, en poste restante. Il fait donc déjà chaud, c’est humide, ce qui rend la longue ascension (près de 1000m) vers le premier col plus ardue.
Passé le col, on rencontre nos premières section de grimpe ‘technique’ qui marqueront pas mal tout le GR20. On s’habitue à tout, mais pour cette première journée, je n’aurais pas aimé faire ce bout-là seul.
On arrive au refuge dans les derniers. Le gardien nous indique que c’est une petite journée, et que toutes les tentes sont flambant neuves. En effet, il y a eu une grosse tempête avec des vents de 225km/h le 18 août, et les dommages sont visibles tant aux alentours de Calvi qu’ici en montagne.
Corse – Calvi
Arrivé à Calvi la veille de notre départ pour le GR20, je prends le temps de visiter un peu la vieille ville et la Citadelle. C’est magnifique!
Corse – GR20
Le GR20 est réputé pour être le sentier de longue randonnée le plus difficile d’Europe. Officiellement il fait un total de 180 à 200 km, pour un dénivelé total positif de 12 000 m. Le nombre d’étapes officiel est de 16, mais plusieurs vont doubler des étapes pour faire le trajet en 10 jours, voire moins. Sur les réseaux sociaux, on rouve toutes les opinions, certains le trouve facile, d’autres estiment que c’est plus de l’escalade par moments que de la rando.
Alors difficile, ou facile?
J’ai décidé d’aller voir sur place ce qui en est, cet été, avec mon fils. Nous avons opté pour faire le parcours en 15 jours, question de bien profiter des paysages, de ne pas avoir à partir à 5h du matin et constamment avoir peur d’être pris dans des orages, courants en après-midi fin-août. Déjà les étapes requièrent entre 5h30 à 8h de marche par jour, ça me paraissait amplement suffisant. Et mon optimisme prudent avant de démarrer le GR20 s’est transformé en réalisme en court de route: les temps et les distances indiquées dans les guides sont souvent sous-estimé(e)s. Les sections brièvement résumées dans le guide s’avèraient souvent interminables, surtout les descentes vers les refuges de la partie nord. Alors finalement la clé c’est de bien gérer ses attentes, et donc pas trop se fier aux guides, et être prêt à tout 🙂
Bref, tout ça pour dire que le GR20 est souvent technique, y’a des surprises et de petits passages techniques sur chaque étape, au nord comme au sud, et rarement on trouvera une section ‘roulante’ comme disent les coureurs de trail. Il faut constamment être attentif à où l’on pose le pied, jamais un appui horizontal, alors l’idée de se filmer tout le long est rapidement passée à la trappe. Bref, la Corse qu’on traverse via le GR20, c’est un gros tas de cailloux! Vraiment joliment agencés, les cailloux, mais tout de même!
Cela étant dit, c’est magnifique, l’effort en vaut largement la peine. Les paysages de montagne sont époustoufflants, parfois on voit la mer des deux côtés, et tous les jours en passant un col (ou une Bocca, comme c’est appelé ici) on à hâte de voir le paysage qui se dévoilera derrière. En plus de cela, au fil des jours, il se crée une communauté avec les autres randonneurs qui font les mêmes étapes, et les moments passés aux refuges font partie de l’aspect vraiment agréable de cette aventure.
Note 1: J’ai laissé la Nikon à la maison cette fois-ci, alors toutes les photos sont simplement prises avec le téléphone mobile. D’où une qualité plus moyenne, et surtout pas moyen de vraiment recadrer après-coup (trop de compression).
Note 2: Pas de tente, pas de matelas, pas de bouffe, le strict minimum, mon sac faisait 10kg sans l’eau. Nous avons donc loué les tentes de refuges et mangé les plats proposés aux randonneurs (indice: pas mal souvent des pâtes). À de rares endroits nous avons pu dormir à l’hôtel.